La protection respiratoire en temps de pandémie
par Vanessa St-Gelais, Hygiéniste industrielle
Québec, Canada
14 mai 2020
Bien s’informer, c’est bien se protéger.
Les enfants sont de retour à l’école et certaines personnes retournent au travail alors que nous sommes toujours en pénurie de matériel de protection respiratoire. Que ce soit le masque jetable de type chirurgical, le masque à poussière jetable, le masque réutilisable en silicone et les filtres pour ces mêmes masques, c’est toujours la même réponse partout où j’ai téléphoné : « Désolé, l’item que vous cherchez est en rupture de stock et nous ne savons pas quand nous recevrons la prochaine livraison ».
Comme vous, j’ai plusieurs personnes dans mon entourage qui ont affiché des demandes d’aide sur Facebook pour trouver des masques pour eux ou leurs enfants. Ma première réaction en a choqué plus d’un car je ne fais pas confiance aux masques faits maison. Même la personne la mieux intentionnée peut se tromper dans le patron de couture et ne pas utiliser les bons matériaux. Je ne vous ferai pas de publicité. Cela n’est pas mon but. Je vais seulement vous aider à bien sélectionner votre masque en fonction de votre tolérance au risque.
1. Le masque doit bien couvrir votre zone respiratoire. Cela inclut le nez et le menton. Le masque doit épouser le plus possible les formes de votre visage et il ne doit pas y avoir d’espace, ou le moins possible, entre la peau et le masque. Consultez l’image ici-bas pour plus d’information sur la bonne technique pour mettre et retirer le masque. De plus, la vidéo du Docteur Alain Vadeboncoeur vous explique très bien la procédure en moins de 2 minutes.
2. Le masque doit être composé de différentes couches de matériaux qui serviront à filtrer les particules en aérosol. Ces particules sont les gouttelettes qui transportent le virus lorsqu’une personne infectée, SYMPTOMATIQUE OU NON, respire, tousse, éternue et postillonne. Si l’un des matériaux utilisé à des propriétés électrostatiques, c’est encore mieux. C’est le cas des masques N95 qui grâce à leurs caractéristiques électrostatiques peuvent capter des particules de 0.3 micron.
3. Le masque ne devrait pas avoir de couture au centre, sur le devant, là où se trouvent la bouche et le nez. La raison est simple, les coutures sont des zones non étanches qui peuvent laisser passer le virus. Si le masque comporte une couture avant, assurez-vous qu’on retrouve plusieurs couches de matériel filtrant à l’intérieur du masque.
4. Un vendeur qui présente son patron de confection ainsi que les caractéristiques précises de son produit me mettra toujours plus en confiance. Cela devrait être votre cas aussi. Il doit y avoir un minimum de deux couches de tissus (coton ou lin). Le matériel utilisé et le nombre de couches sont des facteurs qui influencent l’indice de protection. Un masque en coton simple peut vous protéger à 60% tandis qu’un masque en coton avec un filtre 5 épaisseurs peut vous protéger jusqu’à 95%. Plus le tissu est tissé serré, plus il protège. En contrepartie, il peut être plus difficile de respirer. C’est un point à prendre en considération en fonction de votre état de santé.
5. Le masque en tissu lavable ne devrait pas changer de forme au lavage. Utilisez un savon à vêtement et faites sécher selon les recommandations du fabricant. Personnellement, je sèche à plat, à l’air libre. Selon les recommandations de l’AFNOR, l’association française de normalisation, le masque devrait être sec dans les deux heures suivants le lavage, sinon, faites sécher par culbutage dans votre sécheuse.
6. Le masque doit être confortable et ne pas nécessiter que vous l’ajustiez fréquemment. En d’autres mots, on ne veut pas que vous passiez votre temps à toucher le masque avec vos mains. Si cela est le cas, vous augmentez le risque de contamination croisée. De plus, le masque ne devrait jamais gêner votre respiration. PERSONNES ASTHMATIQUES : le port d’un masque en tissu peut provoquer un inconfort respiratoire. Si cela est le cas, trouvez un endroit non achalandé pour retirer votre masque. Consultez votre professionnel de la santé.
7. Le masque doit être changé dès qu’il est sale ou humide. Selon les différents organismes Québécois, Canadien ou Européen, la durée d’utilisation d’un masque lavable / jetable se situe entre 3h et 4h. Bien sûr, différents facteurs doivent être pris en considération tels que la concentration de particules à laquelle vous êtes exposés et l’effort physique que vous effectuez lors de l’utilisation du masque. Plus l’effort physique est grand, plus la respiration est rapide et plus un grand volume d’air doit être filtré. La saturation du masque est donc plus rapide.
Le gouvernement du Québec a présenté un vidéo pour confectionner vous-même un couvre visage. Notez bien le terme COUVRE-VISAGE. Ce couvre visage diminuera la probabilité de contracter le virus ou de le transmettre. Oubliez le foulard et le bandana, utilisez du coton ou du lin, 80 à 120 fils au pouce carré. Si vous êtes intéressé à en savoir plus sur les différents tissus et leur efficacité, je vous recommande un article très intéressant publié par le HuffingtonPost.
Porter un masque ne vous protègera pas si vous n’appliquez pas les autres mesures de protection. Ces mesures, ce sont celles que notre Premier Ministre Monsieur François Legault et le Docteur Horacio Arruda répètent sans cesse depuis le début de la crise soit :
– le lavage des mains,
– la bonne étiquette respiratoire (ensemble de gestes pour limiter – la dispersion des micro-organismes lors de l’éternuement, la toux ou le mouchage),
– la désinfection des surfaces et des objets,
– la limitation des déplacements.
En conclusion, vous êtes la seule personne responsable de votre protection et surtout de celle de votre famille immédiate et de la population. En combinant les mesures d’hygiène de base et l’utilisation de la protection respiratoire, vous diminuer les probabilités d’être infecté. Le meilleur masque ne vous servira à rien si vous ne le portez pas correctement et un masque bien ajusté ne vous protégera pas si les matériaux utilisez ne peuvent capter les particules en aérosol qui transportent le virus. Bien se protéger, c’est aussi bien s’informer. Comme le dit notre Premier Ministre : partagez l’information, pas le virus.
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